lundi 27 juin 2011

Pourquoi Colonna Prend t-il la fuite si il est innocent ?

En toute logique, une personne qui n’a rien à se reprocher et qui a confiance dans la justice de son pays devrait se rendre immédiatement. Enfin, cette logique est probablement celle de ceux et celles qui, comme moi, n’ont jamais eu de problème graves avec la justice. Pour se rendre immédiatement, il faut avoir une confiance absolue dans le système. Or en Corse nombre de nationalistes ont été emprisonnés de longues périodes avant d’être relachés. On citera ici les Cas de Marcel Lorenzoni qui a été détenu 18 mois dans cette même affaire avant d’être relaché faute pour la DNAT de pouvoir le relier à l’affaire.

En 2007, lors de son premier procès Yvan Colonna donnera l’explication suivante :
« Je suis désigné, montré du doigt. Je suis recherché par toutes les polices de France. »
« J'étais abasourdi, je ne savais même plus où j'étais, où donner de la tête », se souvient-il. « J'ai perdu quatre ou cinq kilos en deux jours. » L'anonyme croisé en chemin l'a alors « recueilli », le temps de mûrir une décision.

Colonna « pèse le pour et le contre ». D'un côté, il concède : « J'ai un gros passif en tant que nationaliste corse. » De l'autre, il y a « l'affaire du siècle » et tout ce que cela implique. « C'est la cause sacrée, insiste-t-il. Il y a une obligation de résultat. » C'est peu dire que « le pour » ne pèse pas lourd.

Il rappelle ensuite « le contexte de l'époque, des dizaines de personnes arrêtées, transférées à Paris, incarcérées pendant des mois sans savoir pourquoi ». Comme les 42 mis en examen de la « piste agricole », par exemple. Colonna livre alors la vraie raison de sa fuite :
« Je constate qu'il y a des gens qui crient leur innocence et qui pourrissent en prison. Moi, je suis innocent et je ne veux pas aller en prison. J'ai eu le sentiment que je n'aurais pas eu le droit à quelque chose d'équitable. »

En 2011, lors du troisième procès, il admet que cette fuite est de nature à jeter le doute, mais il fait observer que sa première impression est fondée puisque depuis son arrestation, personne ne veut le croire.. que ses deux premiers procès ont confirmés qu’il n’avait pas eu droit à un procès équitable et qu’il moisi en prison depuis 8 ans alors même qu’il est étranger à cette affaire et innocent.

Convenons du fait que cette fuite ou prise de recul est de nature à jeter un doute, mais convenons aussi qu’elle ne prouve rien. La peur est un sentiment qui n’a pas toujours d’explication. Aussi, force est de constater que les doutes ne lui profitent guères, que son premier sentiment, concernant le refus du droit à un procès équitable, était fondé.

Voir ci-dessous les rapports de la fédération internationale des ligues des droits de l’homme
Premier procès en 2007 : http://www.fidh.org/IMG/pdf/fr491f.pdf

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