Les accusations en garde à vue
L’essentiel du dossier d’accusation repose sur les aveux obtenus lors du placement en garde à vue des membres du commando et de leurs épouses. Même si les aveux ne sont pas considérés comme des preuves, ils suffisent à emporter l’intime conviction des juges, qui les considèrent précis, réitérés et concordants. A vous de juger.
Eléments à charge | Analyse |
Mise en cause d’Yvan Colonna par les membres du commando des anonymes et de leurs épouses. | Les contradictions relevées |
Mr MARANELLI (le plus bavard) | |
- Indique qu’une séance de repérage a été effectuée la veille en compagnie de Pierre Alessandri et de Yvan Colonna | Au cours de cette séance de repérage, la voiture conduite par Alessandri est percutée par l’arrière par Valérie Mariani (étourdie par une conversation téléphonique). Un constat est établi.. Interrogée elle dit n’avoir vu qu’une personne ce soir là : Pierre Alessandri |
- Indique déduire que c’est Yvan Colonna qui est le tireur, parce qu’il l’aurait conduit, dans l’après midi, à un appartement, dans Ajaccio, pour récupérer l’arme. | Les autres conjurés indiquent avoir récupéré l’arme à Baléone, au Hangar Hertz, vers 18h*. Alessandri dit avoir remise l’arme du crime à Colonna a ce moment là. |
- Indique que des réunions conspiratives se seraient tenues sur la propriété des Colonna, à Cargèse | Il est le seul à le mentionner, les autres ne l’évoquent pas du tout. Ils évoquent, au contraire des réunions à la Distillerie (chez Alessandri), a Cristinacce (Chez Joseph Versini) et à Baléone (Chez Hertz dont Alain Ferrandi est le responsable local) |
Pierre Alessandri | |
- dit avoir remis l’arme du crime à Colonna crime à Colonna vers 18h au hangar de la société Hertz à Baléone. | Cela ne cadre pas avec l’affirmation de Maranelli qui dit que Colonna a récupéré l’arme du crime dans un appartement à Ajaccio au cours de l’après midi (en février il fait nuit à 17h30) |
Dit que le commando (trois personnes : Ferrandi, Alessandri et Colonna) était en train de repartir, en descendant la rue que le Préfet remonte, au moment ou ils ont croisé le préfet, Lui aurait continué et entendu claquer 2 coups de feu tirés par Colonna. Il se retourne et voir le Préfet à terre. | - Ferrandi n’était pas sur les lieux. Mr Agnel, expert en téléphonie, situe Ferrandi à 20h43 au niveau de Maranelli, posté en face de la préfecture à environ - Le tireur à tiré 5 fois (nombre de douilles retrouvées sur place). Entre le troisième et le quatrième, l’arme s’est enrayée. Le tueur a tapé sur la crosse, extrait le chargeur et réarmé. |
Mme Jeanne Finidori (Ex ferrandi) | |
Indique avoir vu son mari Alain Ferrandi rentrer chez eux à 21h30 en compagnie de Alessandri et Colonna. Ceux-ci auraient tiré les rideaux. Et auraient dormi chez elle. Alessandri et Colonna seraient restés jusqu’au lendemain en fin de matinée (vers 11h) | Mme Valérie Dupuis indique avoir vu Yvan Colonna à Cargèse (à une heure de route) le lendemain matin, le 07 février, à l’heure du café, vers 7h30. è Comment Colonna peut-il être en même temps à ajaccio et à Cargèse, deux localités distantes d’une heure de route ? è La téléphonie révèle que Ferrandi aurait passé un coup de fil à Colonna vers 11h suite à un appel de Stéphane Colonna. Pourquoi aurait-il appelé Yvan Colonna si Y.Colonna était à Ajaccio chez Ferrandi ? |
Mme Valérie Dupuis (compagne de Maranelli) | |
- Dit avoir vu son compagnon prendre leur véhicule, avoir retiré le siège bébé afin de se rendre à ajaccio le 06 février. - Dit avoir vu Yvan Colonna à Cargèse le lendemain matin, le 07 février, à l’heure du café, vers 7h30. il serait venu discuter avec son compagnon (à voix basse) | Si Yvan Colonna était à ajaccio, chez les Ferrrandi jusque 11h, comment a-t-il pu passer chez les Maranelli (à Cargèse, soit à une heure de route) à 7h30 ? (certaines versions disent 9h) |
Mme Alessandri | |
- Dit avoir vu son mari partir vers 17h30 de Cargèse en compagnie d’Yvan Colonna et d’autres personnes qu’elle ne connait pas. | Maranelli habite Cargèse, comme mme Alessandri, comment ne le reconnait-elle pas ? |
Elle dit avoir récupéré son mari le lendemain matin vers 10h chez les Ferrandi à Ajaccio (exactement à Alata, à 10 mn d’ajaccio). A cette occasion, elle a été surprise de voir Yvan Colonna | - Pourquoi est-elle être surprise si Yvan Colonna est parti la veille avec son mari ? - Si le groupe est parti vers 17h30 de Cargèse, il lui était impossible d’être à Baléone (très proche banlieue d’ajaccio) à 18h pour que Yvan Colonna récupère l’arme. - Si Yvan Colonna est bien parti de Cargèse avec Alessandri à 17h30, comment Maranelli a-t-il pu le conduire dans l’après midi, à ajaccio récupérer l’arme du crime dans un appartement ? |
Mme Hubert Balland (Compagne Joseph Versini) | |
Le compagnon Joseph Versini, malade ce soir là, n’a pas assisté au meurtre du Préfet. Elle n’a donc vu personne ce jour là mais est interrogée sur le fait de savoir si Yvan fait partie du groupe. - Dit avoir accepté les thèses policières à partir d’un PV tendu par l’officier de police, PV sur lequel figurent les noms des personnes. Elle cite les même. | Mme Hubert Balland est relachée à l’issue de la garde à vue, conduite chez le juge Burguière, pour répéter ses aveux, sans savoir qu’elle est libre et n’est pas obligée de se rendre à l’audition chez le juge en ce dimanche après-midi. Elle répète ce qu’elle à dit en garde à vue. Mise sur écoute, elle révèle a sa fille ce qui s’est passé ce jour la en Garde à vue et lui indique qu’un officier lui a tendu le PV de GAV de Pierre Alessandri, que les noms étaient inscrits en haut à droite, qu’elle a été obligée de répéter ce qui lui était demandé. |
Lors d'un des procès, à la barre, le Commissaire Philippe Frizon, membre de la DNAT présent lors des Gardes à vues, concède que les propos de Didier Maranelli ont été cités à Pierre Alessandri et que Martin Ottaviani et Joseph Versini, interpelés le lendemain ont eu connaissance de la citation de Yvan Colonna par les premiers gardés à vue.
Nous laissons ici le lecteur seul juge de la précision et de la concordance des aveux..
Le 23 mai 1999 à 6h, la police se rend chez Yvan Colonna qui est parti récupérer ses chèvres égarées dans la montagne. Selon lui, il n’aurait décidé de « prendre du recul qu’à partir du 26 mai en découvrant la première page de France soir qui titre sur sa photo « Wanted Tueur de Préfet ». Ce journal lui aurait été montré par une connaissance à Vico, alors qu’il redescendait de la montagne par la route. Yvan Colonna décide alors de prendre du recul. Ce recul durera quatre ans. Il sera arrêté le 03 juillet 2003 dans une bergerie d’Olmetto (Corse du sud).
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