L’accusation fait état d’éléments complémentaires qui, selon elle, sont de nature à emporter le sentiment de culpabilité d’Yvan Colonna. Ce serait des éléments à charge qui viennent corroborer les accusations en garde à vue.
La lettre de Pierre Alessandri à Stéphane Colonna, le frère d’Yvan
Dans cette lettre, en juin 1999, Pierre Alessandri demande à Stéphane Colonna de le pardonner, en expliquant qu’il a fait un choix humain plutôt qu’un choix militant. En expliquant qu’il était important de sortir les personnes qui n’avaient rien à voir dans cette affaire..
On peut comprendre que Pierre Alessandri et ses conjurés aient tenté de sortir leurs femmes de cette mélasse. Il était impératif d’avouer sous peine de faire courir le risque de faire condamner leurs femmes pour complicité. En effet, la plupart des conjurés ont demandé à leur femme de leur fournir un alibi en cas de besoin. Or le faux témoignage peut les rendre complice. |
Mais il faut noter que les conjurés ne disculpent personne à part les femmes. Ils ne disculpent pas Marcel Lorenzoni qui est en prison depuis de long mois, ils ne disculpent pas non plus Mathieu Filidori qui a été arrêté le 19 mai 1999
En fait, à part les femmes, ils ne disculpent personne. Est-ce qu’il faut voir dans cette lettre, comme l’accusation l’indique, une preuve de plus contre Yvan Colonna ? Le doute est immense, puisque les conjurés, en réalité, ne disculpent personne.
La lettre de Jean-Hugues Colonna (Père d’Yvan) à mme Erignac, adressée le 28 mai 1999
Dans cette lettre, le père d’Yvan Colonna demande pardon à Mme Erignac : « Pour lui, pour nous, nous vous demandons pardon, ainsi qu'à vos enfants et à tous ceux à qui nous avons fait du mal. »
On n’imagine pas un instant que Yvan Colonna est pu dire à son père qu’il était impliqué dans cette affaire. Cette lettre est celle d’un monsieur profondément républicain, qui dans un réflexe humanitaire s’adresse à la famille du défunt.
Le 23 mai 1999, date de l’arrestation ratée d’Yvan Colonna, le père Jean-hugues est entendu par la police. Il indique que son fils était avec lui et sa sœur le soir du 06 février 1998, jusque 20h environ à Cargèse. Les policiers lui disent qu’ils ont la preuve de la culpabilité de son fils, et le menace de le déférer si il maintien ce témoignage.. On peut raisonnablement penser que le père ait été pris d’un doute. Lui qui n’a jamais remis en question les institutions de la république. On peut raisonnablement penser que la fuite d’Yvan Colonna, son fils, a du le torturer au point de faire naître un doute pesant. Ce réflexe d’humanité est plus celui d’un homme intègre que celui d’un homme qui veut protéger son fils contre vents et marées. Ce réflexe, d'un homme honnête, est, selon nous, de nature à valider son témoignage selon lequel son fils était bien avec lui et tante Josette jusque 20h environ. Notons d’ailleurs que ce n’est pas suffisant pour fournir un alibi à Yvan Colonna, puisqu’en partant de Cargèse à 20h, il est possible de se rendre à ajaccio pour 21h. Il faut en effet sensiblement 1h de route pour rejoindre Ajaccio. D’ailleurs, au moment Jean-Hugues Colonna indique aux policiers, le 23 mai 1999, qu’Yvan était avec eux jusque 20h, il ne connait pas le contenu des aveux des conjurés qui auraient très bien pu dire qu’ils étaient parti de Cargèse à 20h.
Toutefois, si Yvan Colonna était dans sa famille jusque 20h, environ, il n’a pas pu partir avec Maranelli et Alessandri vers 17h30 en direction d’Ajaccio.
La lettre Yvan Colonna à Pierre Alessandri, apparue miraculeusement au cours du troisième procès
En supposant que ce soit bien un courrier rédigé par Yvan Colonna, ce que l’intéressé nie, adressé à Pierre Alessandri qui nie en avoie été le destinataire.
Ce courrier révélé à l’audience au cours du troisième procès, en fin de journée, un vendredi vers 22h est de nature à favoriser le questionnement. Un avocat le tend à Yvan Colonna qui a juste le temps de dire, c’est mon écriture, avant d’être emmené par les gendarmes.
Durant le week-end, trois de ses avocats pensent pouvoir expliquer le contenu du courrier. Le lundi suivant, à la reprise de l’audience, les avocats indiquent que c’est un faux. Me Beuadelot, avocat des parties civiles dit : « Hier matin le silence d’Yvan Colonna était assourdissant, poursuit-il. Comment n’a-t-il pas dit dès lundi que ce document était un faux. Ce document montre ce qu’est la personnalité d’Yvan Colonna, ce qu’a été son rôle. Il nous rappelle que le tueur c’est lui. »
Or ce pénaliste sait fort bien qu’en matière de procédure pénale, le fait de parler du fond avant de purger la forme interdit ensuite toute contestation. C’est ce que l’on appelle un coup bas.
Concernant la forme, M. Christian Lothion, le directeur central de la police judiciaire, entendu le mardi 31 mai indique avoir reçu un coup de fil, au cours de la matinée, d’un informateur (dont il ne souhaite pas révéler l’identité) qui le prie de le rejoindre non loin de la place Beauvau afin de lui remettre un document. Cet informateur lui remet la photocopie, rédigée en Corse, dont il ne comprend pas un mot. Il décide néanmoins, dès 14h le jour même, de la faire suivre au juge Stephan, président de la cour d’assise spécialement composé qui juge Yvan Colonna pour la troisième fois. Cet empressement, sans aucune vérification, est de nature à jeter un doute sur la méthodologie. Il ne s’agît pas d’un jeune inspecteur, mais du directeur central de la police judiciaire en personne..
Questionné par la défense, Le DCPJ, M. Christian Lothion, s’explique. Non, il n’a jamais eu l’original entre les mains ; non, il n’a « aucun renseignement sur le cheminement de ce document » et il assumera « si c’est un faux ». Autant d’ignorances - ou de contrevérités ? - qui permettent à Me Philippe Dehapiot, également conseil d’Yvan Colonna, de plaider avec calme et fermeté, la non recevabilité de la pièce. « La preuve pénale doit respecter le principe de loyauté, souligne l’avocat pour lequel la procédure et la jurisprudence n’ont aucun secret. Nous demandons à la cour d’assises d’écarter cette pièce car elle a été apportée par un fonctionnaire de police soumis à l’obligation de loyauté. L’élément a été recueilli dans des conditions irrégulières » conclut-il.
Après que la cour ait décidé de verser ce document providentiel au dossier, Me Dupont-Moretti, avocat d’Yvan Colonna demandera à la Cour de recevoir également une lettre qu’il aurait reçu d’un mystérieux informateur qui dit exactement le contraire de la lettre fourni par le DCPJ. Il entend ainsi démontrer qu’il est possible de faire dire ce que l’on veut à une photocopie réalisé à partir d’un montage numérique.
Le courrier remis par le DCPJ, attribué à Yvan Colonna, à priori destiné à faire pencher l’opinion publique en faveur d’une condamnation ne prouve rien pour autant. Ni concernant la participation d’Yvan Colonna à l’attentat de la gendarmerie de Pietrosella, ni à la participation du meurtre du Préfet Erignac, encore moins sur le fait que ce soit Yvan Colonna le tueur.
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